PRESSE – Possible outil de réinsertion, le travail en prison devrait permettre au détenu de survivre éconmiquement. Dans la majorité des cas, il s’apparente surtout à l’exploitation d’une main-d’œuvre à bon marché.
Une enquête réalisée pour le Monde Diplomatique – parution juin 2003
« Le 22 juin 1987 a tout changé, rappelle M. François Tillol, chef du bureau du travail, de la formation et de l’emploi à la direction de l’administration pénitentiaire. Avant cette date, le travail en prison faisait partie de la peine, il était obligatoire. Puis la loi relative au service public pénitentiaire a clairement redéfini les limites juridiques de la peine, et l’a réduite à l’incarcération. » A partir de 1987, le travail effectué en prison peut redevenir légalement ce qu’il est pour tout citoyen libre, un droit, un moyen de subsistance et une voie d’intégration sociale. Le code de procédure pénale, rafraîchi pour l’occasion, assigne alors à l’administration pénitentiaire une obligation de moyens afin de procurer un emploi à chaque personne qui en fait la demande. Dégagé de toute connotation coercitive, le travail en prison acquiert, sur le papier, une dimension éminemment humaine et digne, outil de développement de l’autonomie personnelle et de réinsertion .
Toutefois, avant même d’augurer la libération de la personne détenue, l’activité professionnelle remplit une fonction élémentaire : procurer au travailleur de l’argent. « L’argent est nécessaire à l’indemnisation des parties civiles, précise M. Tillol, mais il sert également à se constituer un pécule de sortie, à entretenir une éventuelle famille à l’extérieur et, surtout, à satisfaire les besoins de chacun en détention. »
Car tout se paie en prison. Télévision, abonnement à une revue, fourniture d’un petit réfrigérateur, nourriture destinée à améliorer un ordinaire souvent médiocre, papier et stylo, dentifrice et lessive… L’argent se révèle d’autant plus cruellement vital pour certains que l’incarcération est synonyme de suppression des minima sociaux (allocations chômage ou RMI) qui contribuaient à leur survie à l’extérieur, autant qu’à celle de leurs familles.
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